Elle relâche le livre abimé qu'elle tenait entre ses mains et pose son visage pâle sur ses genoux. Elle n'avait pas envie de fumer. De toute façon, elle n'en était plus capable depuis que le moindre geste épuisait ses forces. Elle s'était enfermée dans sa chambre vide pour alterner entre les lectures interminables sur le grand lit sans draps et les instants de déconnection à observer le paysage sur le balcon. Elle ne parlait plus, pas même en pensée. Tout ce don son cerveau était capable, c'était d'imaginer une présence quelconque dans un coin de la pièce qui l'observait répéter ses allez retour sans vie. Oh, il y avait bien la musique serte, mais la répétition d'une seule et même chanson ne retirait pas la triste banalité de ce quotidien. Il sagissait d'exister, comme ils disent, et non pas de vivre. Le temps, il s'était arrêté au printemps. Le bonheur, il s'était enfuit le 8 Mai, avec une certaine odeur de muguet. Une odeur qui l'aurait fait frémir par sa morbidité.
Freddy avait été tué, on lui avait ôté la vie. Quelle ironie macabre.
"S'il suffisait d'aimer".
Il suffit bien d'aimer en effet. Pour s'écrouler.
Elle, elle l'a aimé. Il est parti. Allez lui dire vous, que tout n'est pas finit.